Tuesday, July 13, 2010

"vous avez dit energies renouvelables ?"

Un article sur L'Express de Ludovic AGATHE ! Bonne lecture !

Source : http://www.lexpress.mu/story/13725-vous-avez-dit-energies-renouvelables.html

"Nous avons sollicité l’avis d’experts et de professionnels du secteur énergétique sur la question des énergies renouvelables. Vous trouverez également ici plusieurs informations utiles concernant ces énergies.

Pour le Dr Khalil Elahee, maître de conférence à l’université de Maurice, il faut convaincre les Mauriciens de ce que rapporte l’énergie renouvelable à long terme. Si celle-ci implique un investissement initial important, elle devient rentable après quelques années. Le Dr Elahee est d’avis qu’il serait judicieux de passer d’une industrie sucrière à une industrie cannière, où la canne à sucre serait une source, très rentable, de biocarburants. Cependant, il dénonce le «marketing malhonnête » de certains revendeurs de chauffe-eau solaires.

Didier Philogène, Managing Director de la fi rme Sotratech et ingénieur énergétique de formation, estime que le gros enjeu de l’énergie renouvelable à Maurice reste le changement de mentalité de la population. «L’énergie renouvelable la plus importante est celle qu’on n’utilise pas», dit-il. Il préconise la gestion responsable de l’utilisation énergétique de l’individu, ainsi que l’utilisation d’appareils électriques plus «efficients». «Les appareils en veille, par exemple, absorbent jusqu’à deux fois plus d’énergie que lorsqu’ils sont débranchés. A l’échelle nationale, la facture est colossale», explique-t-il. Téléviseurs, ordinateurs en veille et même les chargeurs de portables laissés sur le secteur électrique sont source de gaspillage.

«Bon nombre de gens utilisent mal leur climatiseur, le poussant à des températures plus basses que nécessaires. Cela implique une plus grande consommation d’énergie», poursuit-il. Il est tout de même optimiste au vu du nombre de Mauriciens qui passent au vert, par l’installation chez eux d’un chauffe-eau solaire, pour commencer.

Pierre Sagnier, Project Manager dans le secteur énergétique d’Omnicane, pense que Maurice a une chance exceptionnelle. «L’île dispose de biomasse, de soleil, de vent et d’eau en quantité et de manière favorables à la production d’électricité. Le taux d’énergie renouvelable est actuellement de 20% à peu près, ce qui est meilleur que celui de bien d’autres pays. Cependant, même si nous disposons de réserves suffisantes, la technologie commence à peine à suivre, en termes d’efficience», explique-t-il.

Parlant des projets en cours chez Omnicane, il nous confi e que les tests pour une microcentrale hydroélectrique de 100 kW à Britannia viennent d’être terminés et qu’ils sont concluants. Un projet similaire devrait être mis sur pied à Riche-en-Eau, avec une capacité de génération de 200 kW. Toujours à Britannia, Omnicane compte installer 22 unités éoliennes de 1 MW chacune. Les études faites jusqu’ici sont également concluantes.

La firme compte actuellement trois centrales thermiques. Elles utilisent la bagasse et le charbon comme carburants. La centrale de la Baraque, l’Escalier, fonctionne selon le principe de cogénération et renvoie son supplément d’électricité sur le grid du Central Electricity Board (CEB).

Ludovic AGATHE


■ kW? kWh?

Le kilowatt, kW, est une unité de mesure de la puissance électrique. La puissance se défi nit comme le taux de production ou d’utilisation de l’énergie électrique. En d’autres mots, combien d’énergie est produite ou utilisée à la seconde. L’énergie, elle, se mesure en joules. Par exemple, une personne de 100 kg dépense 3 000 joules d’énergie en escaladant une échelle de trois mètres de haut. L’énergie se mesure également en calories. 1 calorie équivaut à 4 200 joules. Le préfixe kilo sous-entend mille, en d’autres mots, un kilowatt équivaut à 1 000 watts. En termes de production d’énergie électrique, on parle souvent de mégawatt, MW. 1 MW équivaut à 1 000 kW, donc un million de watts. Certaines grosses centrales à l’étranger peuvent atteindre un ou plusieurs gigawatts, GW. 1 GW équivaut à 1 000 MW, soit un milliard de watts.

Ces mêmes préfixes peuvent s’appliquer à la production ou la consommation de l’énergie, en joules, ou, plus communément, en Wh. Ainsi, la facture du Central Electricity Board (CEB) vous dira combien de kWh vous avez utilisés. Le CEB comptera, de son côté, le nombre de MWh ou de GWh qu’il a fournis sur une durée défi nie, un jour ou un an par exemple.

■ Cogénération

La cogénération est un principe qui sous-entend la production de plus d’une forme d’énergie à partir d’une même source. Prenons l’exemple d’une voiture. Le moteur thermique utilise la chaleur issue de la combustion de carburant pour produire du mouvement. Une bonne partie de cette chaleur est rejetée, soit par radiation directe, soit dans les gaz d’échappement. Suivant le principe de cogénération, cette même chaleur aurait pu être récupérée pour alimenter le chauffage de l’habitacle de la voiture. La cogénération démontre toute son utilité dans les usines. Effectivement, nombre d’entre elles à Maurice possèdent leur unité de production d’énergie électrique.

■ Efficience et efficacité

L’efficience désigne le rapport entre la quantité d’énergie fournie à un système et la quantité d’énergie utile qu’il produit. Par énergie utile, on comprend l’énergie pertinente à l’application qui est faite du système. Par exemple, l’énergie fournie à un moteur électrique, disons dans une perceuse, est l’électricité. La forme d’énergie utile qui en ressort est le mouvement circulaire. Cependant, de la chaleur est également produite, qui est une source de perte d’énergie. On parle d’efficience la plupart du temps en termes de pourcentage. L’efficience de 100% ne peut être atteinte. Un moteur électrique peut avoir une efficience de 90%, alors qu’une centrale thermique peut avoir une efficience variant entre 20 et 50%. En d’autres mots, plus de la moitié de l’énergie fournie à cette centrale est perdue. Cette efficience peut cependant être rehaussée grâce à la cogénération (voir plus loin).

L’efficacité se défi nit comme l’emploi utile fait d’une source d’énergie. Prenons l’exemple d’une chaudière. Celle-ci utilise un combustible pour chauffer l’eau, à une température donnée. La même chaudière pourrait être utilisée pour produire de la vapeur à haute température. Celle-ci pourrait être utilisée pour générer de l’électricité et l’eau requise par cogénération. L’efficacité de cette chaudière est ainsi accrue.

■ Le «grid»

Le grid, ou réseau, est l’ensemble de câblages, de transformateurs, d’interrupteurs et de dispositifs de sécurité qui composent un réseau électrique. Ce dernier commence à la génération et se termine à la fourniture chez le client, en passant par la transmission. Les principales caractéristiques qui définissent la distribution d’électricité sur le grid sont : l’intensité électrique, ou le voltage, en volts, la fréquence du courant alternatif, en Hertz, et la phase du courant alternatif, soit que les pics d’intensité correspondent. Ces trois paramètres forment une sorte de protocole, surtout quand on parle de connexion et d’injection de puissance dans le réseau. Le Grid Code élaboré par le CEB a pour but de définir ces paramètres, auxquels doit se conformer tout producteur d’électricité voulant avoir accès au réseau électrique du CEB.

■ La Fée électricité

L’électricité est une forme d’énergie. Par définition, l’énergie ne peut être ni créée, ni détruite. On peut cependant en changer la forme. Donc, quand on parle de génération d’électricité, on comprend la conversion d’autres énergies en électricité. Par exemple, dans un générateur électrique thermique, l’énergie du carburant est en premier lieu d’ordre chimique. En brûlant, elle devient de l’énergie calorifique, de la chaleur. Cette chaleur est transformée en énergie cinétique, en mouvement, dans un moteur. Celui-ci fait tourner un générateur, qui, lui, transforme le mouvement en énergie électrique.

L’électricité reste la forme d’énergie la mieux «domestiquée», c’est-à-dire que la technologie permet de la convertir en d’autres formes d’énergie avec une bonne efficience (voir plus loin). Sa distribution est également plus économique que d’autres énergies. Cependant, la génération d’électricité a une efficience assez basse.

L’électricité n’est qu’un exemple. Quand on parle d’énergies renouvelables, il faut aussi compter la production d’autres formes d’énergie. Par exemple, l’énergie solaire (voir plus loin) peut être employée pour générer de l’électricité, mais également de l’eau chaude. Ce dernier emploi donne un meilleur rendement énergétique cependant.


Biomasse

La biomasse regroupe l’ensemble des matières organiques pouvant devenir des sources d’énergie. Ces matières organiques peuvent être du bois, du pétrole, du charbon, mais aussi des déjections animales. A Maurice, nous disposons de la canne à sucre, véritable mine d’or en termes de biomasse. Elle donne comme sous-produit de la bagasse, brûlée pour la production de vapeur dans les centrales thermiques. De la mélasse issue de la production sucrière, on obtient de l’éthanol, excellent combustible également. Hormis la mélasse et la bagasse, un troisième combustible cannier moins connu est constitué par les «top leaves», soit le haut de la canne qui inclut les feuilles et la paille. La biomasse peut être utilisée directement pour la combustion. Elle peut également servir à la production de carburants organiques issus de la production de méthane. Ce gaz est produit lors de la dégradation naturelle, par des bactéries, de la matière organique, comme la bagasse ou les feuilles de canne. De nouvelles transformations chimiques du méthane permettent ensuite d’obtenir du biocarburant. La biomasse est la première énergie renouvelable dans le monde. Elle est aussi celle ayant l’«empreinte carbone» la plus importante.


Eolienne

Une unité éolienne transforme la force motrice du vent en d’autres formes d’énergie. L’application la plus connue et qui est appelée à se développer davantage est dans la production d’électricité. Une éolienne conventionnelle comporte une hélice, fixée sur un mât. Le vent fait tourner l’hélice, qui alimente à son tour un générateur électrique. Considérée comme une source d’énergie propre, ne générant pas de carbone à l’emploi, l’éolienne comporte néanmoins quelques inconvénients. Son coût d’installation par exemple. Ou encore le bruit qu’une éolienne génère, qui est parfois important. Toutefois, ses avantages à long terme en font une énergie renouvelable privilégiée dans les pays comme le Danemark, l’Allemagne, l’Espagne ou les Etats-Unis, où les fermes éoliennes sont chose commune. Outre l’éolienne conventionnelle, divers modèles sont disponibles sur le marché, comme ceux à axe vertical.


Solaire

L’application de l’énergie solaire se décline sous deux formes : le thermique et le photovoltaïque. L’énergie thermique du soleil sert essentiellement à produire de l’eau chaude. Son application domestique la plus visible est le chauffe-eau solaire. L’énergie lumineuse du soleil est également transformée en électricité. Cette prouesse est faite par des plaques dites photovoltaïques. Elles sont constituées d’éléments qui transforment la lumière en électricité de par une réaction photoélectrique des composants électroniques, dits cellules photovoltaïques. Cette dernière application est plus onéreuse que la précédente et donne un rendement énergétique moins important.

Hydraulique

L’énergie hydraulique est l’énergie de l’eau en mouvement. Elle sert à générer de l’électricité dans une centrale hydroélectrique. Celle-ci se compose généralement d’une unité de stockage de l’eau, un barrage par exemple. Elle alimente une turbine située à un niveau plus bas à travers des canalisations. La turbine fait fonctionner un générateur électrique, dont la puissance est généralement de 10 MW. De petites unités de production, pouvant fournir jusqu’à 100 kW, sont parfois installées directement sur les cours d’eau, sans barrage. Celles-ci sont appelées microcentrales. Le mouvement de l’eau peut aussi être utilisé directement comme une source d’énergie cinétique, par exemple dans un moulin à eau."

1 comment:

  1. Rappel de bon sens :

    l’énergie la moins chère, la moins polluante et la plus inépuisable sera toujours celle qui n’est pas consommée : les économies d’énergie et les sources renouvelables doivent être considérées comme le côté pile et le côté face d’une seule et même pièce, que l’on peut appeler “efficacité énergétique”.

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